Série « Les Empires de l’Asie Centrale »
Le Kazakhstan, le pays le plus vaste des ex républiques soviétiques de l'Asie Centrale, n'est pas seulement celui des paysages somptueux, allant des déserts et des steppes jusqu'aux montagnes couvertes des neiges éternelles. C'est aussi le pays qui a servi d'un véritable "dépotoir", d'une poubelle, disent les Kazakhs, à la défunte Union Soviétique, qui y reléguait non seulement des prisonniers politiques et des populations indésirables, mais aussi des industries hautement polluantes, des centres d'expérimentation de bombes atomiques et des bases de missiles nucléaires. Ce lourd héritage avec ses méfaits sur la nature - et plus encore sur les hommes - est encore terriblement présent dans beaucoup de villes, comme celle de Semipalatinsk au nord-est du Kazakhstan, qui a vu exploser dans le « polygone » situé à quelques dizaines de kilomètres à peine, plus de quatre cent cinquante bombes nucléaires et où la mortalité de la population est deux fois supérieure à la moyenne. Hôpitaux de cancéreux avec des équipements préhistoriques, asiles et orphelinats pour enfants malformés prouvent que le mal continue et va malheureusement continuer à toucher plusieurs générations encore.
À côté des villes misérables et noires du Nord de Kazakhstan, Almaty, la capitale, paraît luxueuse et frivole. Bordées de magasins de luxe, ses larges avenues sont parcourues par des 4x4 rutilantes, des BMW et des Mercedes qui slaloment entre les bus de transport en commun fumant et poussifs. D’où vient cette richesse, à qui elle profite alors que dans les campagnes beaucoup ne mangent pas à leur faim ?
Kazakhstan est un pays aux ressources naturelles riches à commencer par des gisements de pétrole existants et encore plus par ceux à venir, mais comme dans toutes les nouvelles républiques de la région, c'est le partage de ces richesses, l'écart grandissant entre les riches et les pauvres, stigmatisé, décrié par des mouvements islamistes radicaux, qui risque de mettre le feu aux poudres à toute l'Asie Centrale.
Que va-t-il arriver, quand, comme déjà aujourd'hui, à Almaty, la foule des nomades et des miséreux va découvrir des vitrines où s'étalent des vêtements et des chaussures représentant plus d'un an de salaire?
Les cavaliers kazakhs voudront-ils poursuivre longtemps leurs joutes sauvages autour d'une carcasse de mouton, avant de fondre de leurs hautes vallées et des steppes sur les villes aux vitrines remplies de paillettes ?
C’est par cette interrogation et par des images d’un « oulak » particulièrement violent que s’achève le film.