Les bouleversements climatiques des dernières décennies et les désastres écologiques dans les pays industrialisés ont vu naître une nouvelle catégorie de réfugiés: ceux de l'environnement.
Partie à leur rencontre, la caméra de Karel PROKOP confronte la réalité de la MAURITANIE d'aujourd'hui où le flot des exilés de la sécheresse n'arrête pas de faire gonfler les bidonvilles de NOUAKCHOTT avec les régions du Nord de la BOHEME dévastées par l'exploitation intensive de charbon dans les mines à ciel ouvert.
Deux mondes séparés non seulement par des milliers de kilomètres mais surtout par leur histoire, leur culture et leur niveau de vie sans commune mesure. Et pourtant, dans les cabanes misérables secouées par le vent de sable ou dans les HLM sordides et délabrés, noyés dans les fumées toxiques des usines environnantes, on entend une même plainte comme un leitmotiv: "avant, on vivait bien, on était heureux, aujourd'hui on souffre dans ces lieux sinistres où la sécheresse ou la folie des hommes nous obligent à vivre."
Causes naturelles: sécheresse et avancée du désert d'un côté, l'aveuglement de planificateurs de l'ex-empire soviétique de l'autre, produisent curieusement les mêmes effets: exode, déracinement, mal de vivre.
Plus d'une centaine de villes et de villages avec leurs maisons, églises et écoles ont disparu au Nord de l'ancienne TCHECOSLOVAQUIE depuis quarante ans, parce qu'ils avaient le malheur d'être bâtis sur des millions de tonnes de charbon.
En MAURITANIE, la pluie a disparu et depuis une vingtaine d'années et les dunes se sont mises à engloutir des villes du désert, hauts lieux de la culture et de la civilisation islamique.
Dans les deux pays le malheur des hommes est accompagné par des pertes irremplaçables de biens culturels : mosquées abritant de précieux manuscrits disparaissant dans les sables du désert tandis que des églises gothiques sont ensevelies sous des terrils noirs au coeur de l'EUROPE.